Localisation de la Station de biologie des Laurentides à Saint-Hippolyte
Compte-rendu de la Formation Kucyniak 2019
Pour la première fois de son histoire, la Formation Kucyniak s'est tenue sous le signe du printemps. En effet, la 16e édition de cette activité a eu lieu à la Station de biologie des Laurentides les 8 et 9 juin, plutôt qu'à l'automne comme c'est la coutume depuis ses débuts. Elle réunissait 12 participants, qui ont exploré le monde des bryophytes tout en côtoyant trientales boréales, cypripèdes acaules et trilles ondulés, épigées rampantes et autres plantes des premiers beaux jours. Avec en prime, il faut bien le dire, quelques insectes adeptes de sang frais, mais qui n'ont pas réussi à gâcher le séjour des participants malgré leurs louables efforts.
Une autre première : la Formation Kucyniak 2019 s'est déroulée sur deux jours plutôt que les trois habituels afin d'offrir la possibilité aux participants de s'inscrire aux prochaines soirées bryologiques et autres sorties sur le terrain organisées pendant l'été et l'automne. Une formation plus courte imposait moins de frais d'hébergement et de repas. Elle permettait en outre de rejoindre une clientèle différente, moins disponible pendant les longues (mais rares) fins de semaine de trois jours. Cette nouvelle offre a nécessité quelques ajustements en ce qui concerne l'horaire (la partie théorique a été condensée afin de privilégier les excursions sur le terrain et le laboratoire), mais les objectifs ont tout de même été atteints à la satisfaction de tous.
Cette initiation aux bryophytes a été organisée par Michel Lamond et Carole Beauchesne et animée par Marc Favreau, Kellina Higgins et Séléna Bergeron, avec le soutien de Robert Gauthier et Étienne Lacroix-Carignan. Elle a été l'occasion pour cinq personnes de découvrir les plaisirs de la bryologie, ou d'approfondir leurs connaissances dans ce domaine de la botanique. Printemps oblige, elles ont pu, entre autres, observer sur le terrain les sporophytes bien particuliers des hépatiques, qui présentent de fines soies hyalines éphémères et des capsules qui s'ouvrent en quatre lorsqu'elles sont mûres, formant une constellation de petites étoiles.
Certains sporophytes de mousses étaient également observables. Leurs formes variées attiraient l'attention : rondes pour la bartramie pommette (
Bartramia pomiformis), ouvertes comme des lanternes pour la lanterne des rochers (
Andreaea rupestris), couvertes d'une coiffe pour le polytric commun (
Polytrichum commune), à quatre dents pour le quadrident diaphane (
Tetraphis pellucida), ou aux allures de petits lutins pour la houppe à massue (
Ulota coarctata).
Comme l'usage de la
Flore des bryophytes du Québec-Labrador de Jean Faubert est privilégié pendant les laboratoires, une attention particulière a été portée cette année à la présentation des mousses décrites dans la clef de départ : plantes présentant une morphologie distinctive (volume 3). Afin de piquer la curiosité des participants, ils ont reçu, à leur arrivée, une étiquette portant leur nom et l'illustration d'une ou l'autre de ces bryophytes « spéciales » qu'il est utile de connaître. Ils disposaient également des photographies d'une douzaine d'entre elles réunies sur une feuille. Ces plantes ont par la suite été observées attentivement lors des sorties sur le terrain, à mesure qu'elles étaient rencontrées.
L'objectif de la Formation Kucyniak est d'abord et avant tout d'outiller les participants pour leur permettre d'identifier un certain nombre de bryophytes jusqu'au genre. Si d'aventure il leur est possible (parfois en collaboration avec les « anciens ») de poursuivre l'identification jusqu'à l'espèce, on vérifie alors si sa présence est connue à la Station de biologie des Laurentides. Justement, la récolte de
Polytrichastrum formosum faite par Amélie Morneault et identifiée avec l'aide de Michel Lamond, ne faisait pas partie des espèces observées. Cette mousse a donc été ajoutée à la liste
Lepagea des bryophytes de ce territoire. Robert Gauthier a, pour sa part, ajouté une délicate hépatique pour la station, le
Cololejeunea biddlecomiae. Il est amusant de noter que Stéphane Leclerc, le webmestre de la Société, l'a récoltée la même journée à Baie-Sainte-Catherine!
Une mention spéciale est faite à Marc Favreau, qui a réussi à mettre la main sur un minuscule échantillon du thalle d'une anthocérote. Un attentif et patient examen du terrain situé près de la cafétéria, où ces plantes ont leurs habitudes, lui a permis de faire cette découverte. Il faut avoir l'œil, car les anthocérotes se révèlent plutôt l'automne, alors que leurs sporophytes sont bien développés. Les participants ont ainsi eu la chance d'observer au microscope l'énorme et unique chloroplaste présent dans chaque cellule.
Pour conclure, le choix de la Station de biologie des Laurentides, avec ses multiples possibilités de sorties sur le terrain, le laboratoire bien équipé, les repas délicieux, les chambres confortables et l'accueil chaleureux du personnel (pour une 11
e année!), satisfait toujours autant les organisateurs et les participants. Même la belle température était au rendez-vous. Il sera très tentant d'y retourner le printemps prochain! Les mnies sont tellement jolies, saupoudrées du pollen doré des arbres qui les entourent; les jeunes sporophytes des mousses se développent parmi ceux de l'année précédente; les polytrics mâles s'épanouissent comme des fleurs...
Un grand merci aux participants, qui se sont montrés intéressés et enthousiastes! Il semble bien qu'ils aient succombé de bonne grâce aux charmes des bryophytes! La présence complice d'un fils et de son père, penchés au-dessus d'un microscope pour observer les détails d'une feuille d'arabesque des forêts (
Nowellia curvifolia), faisait plaisir à voir!
Album photos de la Formation Kucyniak 2019